Le Coin des BD [7]
Voilà un petit moment que je n’avais pas fait de retours sur mes lectures BD…
j’espère que ça vous plaira ! 😉
(Vous pouvez agrandir les images en cliquant dessus, comme d’hab’ !)
♣ ♣ ♣
Bookhunter, Jason SHIGA.
Editions Cambourakis, 2008, 148 pages. Pour l’acheter : Bookhunter
Bookhunter est un véritable polar, une enquête haletante, scientifiquement menée, qui a pour objet… la traque d’un voleur et faussaire de livre ! Pour récupérer l’incunable dérobé, la fameuse police des bibliothèque ne recule devant rien et déploie des moyens impressionnants. Au fil des investigations de l’agent Bay et sa petite équipe, c’est toute la vie secrète d’une bibliothèque qui nous est révélée. De nombreuses scènes d’actions, dignes des meilleurs films du genre, ponctuent cet album original et drôle, on ne peut plus décalé. Cette savoureuse parodie est tirée d’un fait divers réel – même si Jason Shiga exagère légèrement, en imaginant un monde où le livre constituerait le bien le plus précieux…
Lu il y a plusieurs semaines maintenant, je continue doucement mais surement ma découverte du fonds BD de la bibliothèque. Et quoi de mieux qu’un livre… parlant de livres dans une bibliothèque !
Si les premières planches semblaient très prometteuses, aussi bien au niveau de l’intrigue et de l’humour mis en place qu’au niveau des illustrations ; j’avoue que l’ensemble s’essouffle un peu au fil des chapitres et j’ai terminé ma lecture plus mitigée que je ne l’avais commencée.
Sur fond d’enquête scientifique un peu à la sauce Experts ou Esprits criminels (carbone 14 et compagnie) pour résoudre le vol d’un ouvrage de valeur, Jason Shiga en profite surtout pour nous offrir l’envers du décor des bibliothèques : de la banque de prêt à l’équipement des ouvrages en passant par les recherches du côté des compactus des magasins et autres archives… L’auteur/illustrateur revient sur les détails qui font le quotidien des bibliothèques, vocabulaire technique à l’appui (ah les puces RFID…), ce qui ne peut que faire sourire les professionnels et autres amateurs du métier mais qui peut peut-être embrouiller les autres ? En feuilletant les planches, on se souvient d’anecdotes qui se sont vraiment déroulées et on en vient presque à se dire qu’une police des bibliothèques, pour aller récupérer les livres directement chez les voleurs, ce serait peut-être pas si mal !
Malheureusement, comme je le disais un peu plus haut, le texte s’essouffle et lasse. L’humour un peu décalé des premières pages s’évanouit et même si l’intrigue est rythmée par des scènes de courses poursuites de haute voltige, le soufflet est définitivement retombé. Dommage !
Quant aux illustrations rehaussées par l’utilisation de teintes sépias, je reste assez sceptique. Le côté dessins « enfantins » (traits assez secs plus approximatifs que réalistes) mais destinés aux adultes (un peu à la South Park) ne me séduisent qu’assez peu. Cela dit, ils ont le mérite d’être clairs, percutants et servants bien l’intrigue ; en l’occurrence, ici, on n’avait pas besoin de plus.
♣ ♣ ♣
La Traversée du Louvre, David PRUDHOMME.
Editions Futuropolis, 2012, 80 pages. Pour l’acheter : La Traversée du Louvre
Prudhomme déambule dans les salles du Louvre. Il a l’impression d’être dans les cases d’une bande dessinée géante. Lui-même est en train d’inventer la sienne sur le Louvre. Ce sera une histoire muette ! Car il y a surtout à voir, et même si presque toutes les langues du monde y sont en visite, elles s’y croisent en silence.
Prudhomme décide de se faire le musée au pas de course et d’observer, non pas les œuvres exposées, mais ceux qui les regardent, les photographient.
Cette BD, et la suivante, s’inscrivent dans un projet commun : le Louvre et de grands illustrateurs se sont associés afin de présenter le musée d’une façon nouvelle, plus ludique et distrayante. Pour ce faire, David Prudhomme, Enki Bilal ou encore Etienne Davodeau (avec son Chien qui louche présenté dans un précédent numéro du Coin des BD), nous proposent des ouvrages, parfois plus proches du beau livre illustré que de la BD, parfois plus proches des visiteurs du Louvre que des œuvres exposées.
La Traversée du Louvre part d’un postulat de départ simple : David Prudhomme visite le Louvre avec sa femme, tous deux sont soudainement séparés par inattention et cherchent ensuite à se retrouver dans les dédales du musée. Commence alors une déambulation sans queue ni tête pour le héros, téléphone vissé à l’oreille ou à la main, observateur de la faune locale à travers les différentes salles qu’il traverse. Jeune ou vieux, homme ou femme, amateur d’art ou visiteur lambda, français ou étranger… le visiteur est décortiqué, roi du musée sans lequel le Louvre ne serait pas ce qu’il est, le visiteur est le véritable héros de l’histoire et devient à son tour, spectacle plutôt que spectateur.
J’ai beaucoup aimé cette approche « inversée » qui offre une nouvelle dimension aux lieux et donne envie de revisiter le musée avec un œil différent. Les bulles sont rares, une voix off guide parfois l’aventure mais finalement, ce qui prime c’est le visuel et le lecteur n’a pas besoin de mots pour apprécier la visite proposée. Chaque vignette, rehaussée de couleurs douces, offre une perspective nouvelle : œuvres reproduites en fond, visiteurs au premier plan (i-phone à la main, appareil photo brandi, moue désabusée, sourire extasié…). Les planches défilent, les salles visitées sont de plus en plus nombreuses, les visiteurs croisés se multiplient… mais le plaisir de la visite ne s’essouffle pas.
Je n’ai pas toujours apprécié la façon dont David Prudhomme a croqué les visiteurs, en revanche, je salue le travail de reproduction des œuvres et surtout, de colorisation de l’ensemble. La Traversée du Louvre donne envie de déambuler dans le musée, rien que pour ça, c’est une réussite !
♣ ♣ ♣
Les Fantômes du Louvre, Enki BILAL.
Editions Futuropolis, 2012, 144 pages. Pour l’acheter : Les Fantômes du Louvre
Ils hantent les couloirs du musée du Louvre… ils sont morts depuis longtemps, souvent de manière violente… ils sont légionnaire romain, muse, peintre, officier allemand… ils ont croisé un jour un peintre, un sculpteur, leur modèle…
Enki Bilal les a croisés, errants dans les couloirs du Louvre, a proximité de l’œuvre qui a fait basculer leur vie : la Joconde, la Victoire de Samothrace, un Christ couché, un masque égyptien…
Comme La Traversée du Louvre présenté juste au dessus, Les Fantômes du Louvre s’inscrit dans le même projet : proposer une visite inhabituelle du musée. Et c’est pour moi une belle réussite, plus innovante et surprenante que le précédent.
Enki Bilal a passé de nombreuses heures dans les salles du Louvre et a ainsi pris des centaines de photographies. Après un tri, il a sélectionné 22 d’entre elles et s’est concentré sur celles-ci : il en a fait resurgir 22 fantômes et les a superposés sur les photos des 22 œuvres différentes. Outre ce travail « plastique », l’illustrateur s’est également inventé auteur puisqu’il a créé une biographie pour chacun des 22 fantômes…
A travers quelques courts paragraphes, il nous offre des instants de vies tragiques, des morts subites. Peu de mots mais des mots bien choisis (brèves descriptions physiques, âge, situation familiale…) pour nous emmener auprès de ces personnages hors du commun, figures ayant vécu à des centaines d’années d’intervalle les unes des autres. Certaines biographies sont plus marquantes que d’autres, d’autres semblent plus crédibles (on en vient même à se demander si Enki Bilal n’aurait pas utilisé quelques sources réelles, en tout cas en ce qui concerne les œuvres les plus récentes) mais dans l’ensemble, ça fonctionne vraiment très bien.
Les œuvres ainsi mises en scène et romancées paraissent humanisées et nous ouvrent les yeux sur tout le passé et l’histoire qui englobent chacune d’entre elles. Encore une fois, grâce à cette collection, je ne regarderai plus les œuvres d’un musée (notamment du Louvre) de la même façon !
Quant au coup de crayon d’Enki Bilal, que je découvrais pour l’occasion, je ne suis pas entièrement convaincue (peut-être à cause d’un côté un peu répétitif entre les 22 fantômes qui semblent tous se ressembler… cela dit, est-ce que les fantômes sont bien différents ?) mais suis assez curieuse de feuilleter d’autres travaux de l’auteur/illustrateur car c’est je pense, un style qui pourrait totalement me séduire et me convenir ! Par contre, c’est seulement pour l’occasion ou il aime bien le bleu ? 🙂
Une BD (qui n’en est pas vraiment une puisqu’il n’y a pas d’intrigue générale développée sur des planches basiques habillées de vignettes et bulles mais des pleines pages d’illustrations accompagnées de quelques paragraphes explicatifs ; on peut davantage parler de « beau livre » à mon avis) qui propose une vision nouvelle et surprenante des œuvres exposées au Louvre. Intéressant et vraiment pas mal mis en scène !
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J’adore le coup de crayon de Bilal. Si tu ne l’as pas lu, je te conseille Julia & Roem. 🙂
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Bonjour,
Non, non, Enki Bilal aime bien le bleu effectivement :p
Bonne journée !