Amour et amitié de Jane AUSTEN

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Amour et amitié

de Jane AUSTEN
Rivages Poche (Petite Bibliothèque)
2013, p. 94

Première Publication : 1790

Pour l’acheter : Amour et amitié

Jane Austen, née le 16 décembre 1775 à Steventon, dans le Hampshire en Angleterre et morte le 18 juillet 1817 à Winchester, dans le même comté, est une femme de lettres anglaise. Son réalisme, sa critique sociale mordante et sa maîtrise du discours indirect libre, son humour décalé et son ironie ont fait d’elle l’un des écrivains anglais les plus largement lus et aimés.

Emma Lady Susan Northanger Abbey Persuasion Pride and Prejudice Raison et sentiments

Jane Austen is my wonderland
(Le site pour tout savoir sur JA !)

La vocation de Jane Austen fut précoce : à peine sortie de l’enfance, elle faisait les délices du cercle familial par de désopilantes parodies du roman sensationnel alors en vogue. Écrit à l’âge de quinze ans, Amour et amitié est, comme le soulignait Chesterton dans sa préface de 1922, l’une des plus grandes réussites de cette oeuvre de jeunesse. Les tribulations délirantes de la belle Laura, fanatiquement éprise de beaux sentiments et égoïste jusqu’à l’absurde, y sont narrées avec le sens aigu de l’invraisemblance et la lucidité ironique qui caractériseront les romans de la maturité. Mais c’est d’abord une farce étourdissante, volontiers sardonique, qui illustre avec éclat l’audace et l’insolence qu’Austen devait plus tard mettre en sourdine : cette jeune fille de quinze ans, remarquerait Virginia Woolf plus tard, « s’y rit du monde dans son coin ».

Auteure de seulement six romans majeurs, Jane Austen a finalement laissé peu de pages derrière elle. Ses lecteurs tentent donc de combler le vide grâce à ses quelques courts écrits de jeunesse, globalement moins bons et aboutis que les textes les plus connus mais tout de même signes d’une maturité et d’une maitrise littéraire déjà bien installée.

Court roman épistolaire de moins de 100 pages, Amour et amitié revient sur les aventures de la jeune héroïne, Laura, intrigante un peu gourde qui, persuadée de sa bonne foi et de sa haute stature, ne cesse de jouer les égoïstes et de prendre les mauvaises décisions pour elle et son entourage.
C’est lors d’une soirée pluvieuse qu’un jeune homme débarque dans la maisonnée. Pour Laura, c’est évident, l’intrus sera son époux. Quittant la famille précipitamment, les deux jeunes mariés seront vite rattrapés par les évènements. La jeune femme s’enfuira dès que les premiers problèmes pointeront le bout de leur nez et rencontrera alors sa nouvelle meilleure amie Sophia. Sous couvert de leur trop grande sensibilité – qui semble être un signe de grande noblesse – les jeunes femmes n’auront de cesse de s’évanouir, offrant ainsi des scènes proches de l’absurde. Témoins d’un terrible accident, elles tombent en pamoison plusieurs fois de suite, préférant humer l’herbe printanière plutôt que venir en aide à leurs compagnons blessés… qui n’y survivront pas.

Vous pouvez le constater, les traits des personnages sont un peu forcés, un peu caricaturaux ; Jane Austen ne se retient pas. Et le lecteur s’amuse beaucoup, un peu comme s’il lisait une comédie à la Molière qui lui aussi dénonçait les travers de la bourgeoisie qu’il côtoyait. L’anglaise parodie ici une société dans laquelle elle évolue (la régence anglaise entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle) mais également et surtout les héroïnes des romans romantiques qui ont énormément de succès auprès du lectorat féminin. On peut d’ailleurs voir les prémisses de son Northanger Abbey dans ce petit roman épistolaire.

La dizaine de lettres (quasiment toutes de notre narratrice Laura) qui composent ce petit roman forment certes un ensemble assez court et que l’on peut considérer comme poussif, mais Amour et amitié est, à mon sens, un bon témoignage du potentiel précoce de Jane Austen.
A à peine 15 ans, la jeune auteure possède déjà un sens de l’observation assez poussé. Elle perçoit parfaitement l’être humain et ses travers et accentue tout cela dans ses courtes histoires, a priori initialement destinées au cercle familial. Qui peut se targuer d’un sens de l’observation, de la dérision et de l’ironie aussi développé aujourd’hui ?

Peut-être pas le texte à conseiller à ceux qui veulent découvrir Jane Austen et sa plume (il vaut mieux tenter un roman majeur, à mon avis), mais un petit livre distrayant et plein de promesses pour les Janéites qui veulent poursuivre encore un peu plus la découverte de l’auteure.

 

Quelques extraits pour donner le ton :

« Hélas! que ne donnerais-je pour connaître le destin de mon cher Augustus? pour savoir s’il est toujours à Newgate, ou déjà pendu? Mais je ne puis vaincre la tendresse de ma sensibilité au point de m’enquérir de lui. »

« Dès que nous nous vîmes heureusement débarrassés du poids de tout cet argent, nous commençâmes de songer à retourner chez nos mères; mais ayant appris par hasard qu’elles étaient mortes de faim, nous renonçâmes à ce projet (…) »

challenge XIXe

 

12 réflexions sur “Amour et amitié de Jane AUSTEN

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