La Dernière Terre, Tome 2 : Des certitudes de Magali VILLENEUVE
La Dernière Terre,
Tome 2 : Des certitudes
de Magali VILLENEUVE
L’Homme Sans Nom,
2013, p. 471
Première Publication : 2013
Pour l’acheter : Sur le site de l’Homme Sans Nom !
Magali Villeneuve est illustratrice de l’imaginaire. Elle travaille principalement aux USA, pour les univers du Seigneur des Anneaux ou Magic the Gathering notamment. Elle exerce aussi dans l’édition littéraire où elle réalise de nombreuses couvertures pour une clientèle outre-atlantique et française. Elle vient d’ajouter une nouvelle corde à son arc : celle de l’écriture grâce à l’édition d’une saga de dark fantasy La Dernière Terre, où sa passion du dessin se mêle à son attrait pour les mots.
♣ Tome 1 : L’Enfant Merehdian ♣
♣ Le Site de La Dernière Terre ♣
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Dans les Cinq Territoires, les saisons débutent un autre cycle et à nouveau, la Grande Relève en marquera l’amorce.
Renvoyé vers son pays d’origine de façon arbitraire, Cahir, rongé par l’amertume et hanté par ses souvenirs, tente de retrouver sa place parmi les siens. Tandis que, dans la cité-capitale, l’on a préféré effacer toute trace du drame pour mieux l’oublier, certaines culpabilités, quoique silencieuses encore, commencent à peser lourd.
Derrière les murs inébranlables de la tour du Nolath, l’Igilh reçoit un message glaçant en provenance des Plaines de Tilh. Il lui faut prendre une réelle décision. De celles qui, dépendantes d’un seul homme, peuvent déterminer pourtant le devenir de chacun.
Le premier tome – L’Enfant Merehdian – reste mon gros coup de cœur de l’année 2013. J’attendais fébrilement la suite que j’ai achetée lors de la dernière édition des Imaginales, en mai dernier donc. Mais pourquoi attendre autant de temps – presqu’un an – pour me replonger dans cette histoire ? J’angoissais. Et si jamais je ne retrouvais pas la magie de la découverte ? Si les personnages me devenaient indifférents ? Si je m’ennuyais ? Si je n’arrivais pas à apprécier autant que le premier ? J’avais des attentes élevées et il faut bien avouer que généralement, lorsqu’on attend beaucoup de quelque chose, on peut sortir déçus et/ou frustrés. Alors, verdict ?
A ce jour, seuls trois auteurs/sagas m’ont touchée au point d’entrer pleinement dans ma vie et de s’y installer définitivement. Jane Austen évidemment, René Barjavel depuis plus de dix ans et la saga Harry Potter (et tous les produits dérivés). A priori, aucun point commun entre ces trois références si ce n’est l’émotion qu’elles ont su susciter en moi à un moment de ma vie et la constance à laquelle elle continue de me toucher. J’ai fait bien d’autres magnifiques découvertes toutes ces années de lecture, mais rares sont celles que je place aux niveaux de ces trois révélations. La Dernière Terre, si. Difficile d’expliquer cette émotion, cette empathie ressenties pour cette histoire ; c’est comme ça. C’est un truc qui colle à la peau et qui reste en tête. Des souvenirs de lecture rassurants qui accompagnent le quotidien et qu’on n’oublie jamais vraiment. Je vous souhaite de connaître la même chose avec ces deux premiers tomes (et avec d’autres livres/univers), parce que c’est magique.
Après cette mise en bouche, j’avertis que je risque de spoiler puisqu’il est difficile de parler de ce deuxième tome sans revenir sur les révélations du premier. Attention donc, vous êtes prévenus !
Chassé comme un malpropre de la capitale Agrevine, Cahir rentre chez lui, dans le pays Giddire habillé des Hautes-Blanches. Bien loin des ruelles immaculées et de la rigueur des relations de Tileh Agrevina, le jeune homme retrouve les us et coutumes du pays qui l’a vu naître. Le froid et la rudesse du climat sont compensés par la chaleur des liens qui unissent tous les membres du clan. Quelques fantômes du passé pèsent encore sur ses épaules mais au contact des siens, Cahir s’apaise.
De son côté, l’imperturbable Ghent a bien du mal à cacher ses émotions. Dans un pays où les visages et gestes ne doivent jamais rien laisser paraître, le jeune homme risque l’implosion. Toutes ses certitudes et habitudes volent en éclat au fil des pages. Accompagné par un allié inattendu, il va devoir faire face à l’attaque de sa cité et à la perte de centaines de camarades. Le calme et la paix des cinq territoires semblent définitivement bien ébranlés. Plus rien ne sera jamais plus comme avant… et c’est difficile de l’accepter. La carapace se craquèle doucement mais surement, derrière le masque impassible bouillonnent beaucoup d’émotions refoulées… Ghent est une figure prometteuse à laquelle je m’attache de plus en plus et qu’il me tarde de retrouver !
Ces deux héros mis en avant dans le premier tome offrent ici une plus grande place à d’autres personnages, Feor notamment. Si cette figure secondaire semblait précédemment à l’écart, les pièces du puzzle s’emboîtent petit à petit et font de lui un troisième héros indispensable et marquant. Si Cahir et Ghent laissaient une impression plutôt sombre et froide dans leur sillage, ce grand rouquin bavard propose soleil et fraicheur à chacune de ses interventions. Politiquement incorrect, animé d’une énergie redoutable et toujours prêt à faire de l’humour, Feor n’en est pas moins courageux et fiable. Vous l’aurez compris, ce personnage a su tirer son épingle du jeu et m’a beaucoup plu. Plus que Cahir dans ce tome, d’ailleurs. Celui-ci m’a en effet moins touchée que précédemment, peut-être parce qu’il accède enfin un peu à un semblant de bonheur. Non pas que les personnages « heureux » soient moins intéressants – ce n’est définitivement pas le cas – mais sa situation actuelle appelle un peu moins l’empathie, à mon goût. Il reste cependant un personnage que j’apprécie énormément et que j’ai hâte de suivre à nouveau.
Dans ce deuxième tome, Gayle attire elle aussi les projecteurs. Au début complètement réservée, cachée dans l’ombre de son brillant petit frère (Ghent), la jeune femme va se dévoiler et rayonner. Discrète mais indispensable, j’ai adoré cette figure qui donne l’impression de tirer des ficelles en coulisse. J’espère vraiment la retrouver dans les tomes suivants et je croise les doigts pour que Magali lui offre encore plus de scènes.
Je ne vous parle pas de Melgar qui se révèle de plus en plus lui aussi et qui dévoile une sensibilité très émouvante, de Nelgoth qu’on se surprend sinon à apprécier du moins à comprendre, de Reghia qui même si peu présente apporte son lot de surprises, de Solgar le père inquiet ébranlé dans ses convictions et surtout de l’Igilh, ce jeune « dirigeant » adolescent qui doit prendre de graves décisions pour le bien des territoires et qui, comme tout bon dirigeant manipulateur, en sait peut-être plus que ce qu’il ne dit.
Je l’ai déjà dit dans ma chronique du premier tome, la force de La Dernière Terre, ce sont ses personnages. Des certitudes le confirme et creuse même encore davantage les personnalités de chacun. J’aime les figures fouillées pour lesquelles je ressens une véritable empathie, desquelles je me sens si proche que j’ai l’impression de les connaître comme s’il s’agissait d’amies avec lesquelles je pourrais boire le thé tous les jours. Cahir, Ghent, Feor, Gayle, Melgar… me font vibrer, m’émeuvent, me touchent. Rares sont les auteurs qui parviennent à dépeindre aussi bien des personnalités, à les faire interagir brillamment entre elles, à les rendre aussi palpables.
Cette saga de fantasy, plus que de proposer un univers complètement inventé et des créatures merveilleuses, nous propose quelque chose de « vrai », quelque chose de profondément humain. Si j’aime m’évader dans un contexte imaginaire et vivre des aventures extraordinaires, j’aime surtout retrouver dans mes lectures, des émotions que je pourrais rencontrer dans ma vie de tous les jours. C’est ce que nous propose ici Magali et je l’en remercie infiniment.
Je comprends donc que ceux qui aiment que « ça bouge » aient été un peu ennuyés par le manque d’action dans le premier opus… mais rassurez-vous, les rebondissements sont plus nombreux ici et, encore une fois, ils entrainent une certaine addiction. On se concentre encore beaucoup sur les personnages mais l’atmosphère de tension et les mystères qui s’épaississent poussent le lecteur à tourner les quasi 500 pages de ce deuxième tome.
Les créatures découvertes précédemment reviennent et massacrent de nombreux humains. Les attaques paraissent aléatoires… mais peut-être pas ? Ces « loups » semblent doués d’une intelligence propre et il est dorénavant évident qu’il ne s’agit pas de simples meutes d’animaux qui attaquent au hasard. Les créatures sortent de la brume entourant les cinq territoires… que se cache-t-il vraiment derrière les remparts ? La légende veut que les humains les ayant franchies aient connu une mort atroce dans la brume, mais, en est-on sûr ? L’intrigue se développe, s’enrichit et l’on sent que l’auteure a vu loin et a une idée bien précise de là où elle veut mener son lecteur. Je suis sûre qu’à l’instar de la géante intrigue proposée par J. K. Rowling avec Harry Potter, on se rendra compte, en arrivant au terme des six tomes de La Dernière Terre, que tout était parfaitement pensé et maîtrisé depuis le début et que plein d’indices sont disséminés ici et là… arrrrrggggg, qu’il me tarde d’avoir le fin mot de l’histoire pour avoir une vue d’ensemble de tout cet univers ! Univers que je perçois de plus en plus dense et qui ne manquera pas de nous surprendre, j’en suis sûre !
Je termine ces longs paragraphes en signalant, une nouvelle fois, que cette histoire ne serait rien sans la plume très imagée de Magali Villeneuve. D’abord illustratrice avant d’être conteuse, la jeune femme a le sens du détail et sait nous proposer de belles images. Je trouve qui plus est que Magali a su affûter son style entre les deux tomes et si quelques lourdeurs pouvaient être relevées précédemment, Des certitudes offre une belle fluidité. C’est certes riche et assez dense (en regard des titres qui font fureur en ce moment – Young Adult et romances notamment) mais c’est aussi beaucoup plus immersif, palpable, touchant, marquant et durable. La Dernière Terre n’est pas une saga qu’on dévore en une petite heure et qu’on oublie deux jours plus tard, non ; c’est tout un univers qu’on savoure et qu’on intègre durablement.
Je ne sais pas comment conclure brièvement. Je ne peux que remercier Magali Villeneuve et son compagnon Alexandre Dainche pour toutes les émotions offertes et pour toutes ces heures de voyage sur les cinq territoires.
Le premier tome avait été un gros coup de cœur en 2013, Des certitudes confirme mon adoration pour cette histoire en 2014. Je ne peux que patienter (difficilement) jusqu’à la sortie de l’opus suivant. Je serai au rendez-vous et je vous invite vous aussi à vous lancer dans cette aventure !
Images : Illustrations officielles des personnages. <3
La musique qui m’a accompagnée pendant ma lecture et la rédaction de cette chronique : Bernini’s Angel – Palladio Rebuilt de Kerry Muzzey (et d’autres magnifiques morceaux de sa composition).
Effectivement, les personnages profondément humains et crédibles restent le gros point fort de ce début de saga. Cahir m’a encore beaucoup touché, même si de façon très différente. Dans le premier tome, c’était son exclusion, le racisme ordinaire dont il était victime qui nous l’attachait, ici ça a été son acceptation de ses origines, de qui il est, sans honte, et le retissage de ses liens familiaux et amicaux forts et essentiels chez les Merehdians. Le conflit intérieur de Ghent est très bien traité, entre les automatismes inculquées, les apparences à préserver, et ses véritables sentiments. D’ailleurs la fin de ce tome promet encore en ce qui le concerne, les retrouvailles augurent d’une évolution qui sera intéressante à découvrir, sans aucun doute pour les deux. J’ai aimé aussi les nouvelles facettes dévoilées par Gayle, Reghia et Nelgoth.
Par contre j’ai plus de mal avec Feor. J’ai toujours l’impression que sous ses airs détachés, sous son humour apparent, sa fougue et son côté solaire, se cache un éclat bien plus sombre, une méchante lueur dans l’œil. Mais je ne demande qu’à être détrompé par la suite !
Les événements commencent à se mettre sérieusement en branle, avec en point culminant une nuit de la Relève pleine de tension et de terreur (et de griffes et de crocs) ; et on en apprend un peu plus sur les mystérieuses créatures. Je n’ai qu’une envie, partir dans la Brume voir ce qui s’y trame une bonne fois pour toutes, à mes risques et périls.
Le style de l’autrice est toujours riche, peut-être un peu trop à certains moments qui auraient mérité plus de simplicité pour avoir plus d’impact sur moi, mais c’est un menu reproche, ça reste beau et souvent assez fluide.
Maintenant, il ne me reste plus qu’à me procurer la BD pour en explorer un peu plus l’univers, et attendre patiemment la suite de cette saga et le retour de ces personnages pour qui l’on a un vrai attachement, que je n’aurais probablement jamais découverte sans toi, alors merci 🙂
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waouh merci beaucoup pour ton avis très profond et très franc , tu nous donne énormément envie de le découvrir. (^_^)