La Voleuse de livres de Markus ZUSAK
La Voleuse de livres
de Markus ZUSAK
Pocket Jeunesse,
2007, p. 560
Première Publication : 2005
Pour l’acheter : La Voleuse de livres
Markus Zusak (né le 1er janvier 1975 à Sydney) est un écrivain australien de romans pour jeunes adultes. Il a notamment écrit La Voleuse de livres, bestseller des livres pour enfants et pour adultes en 2007. Il est le plus jeune des quatre enfants d’un père autrichien et d’une mère allemande. Il vit actuellement à Sydney avec sa femme et sa fille. Il enseigne l’anglais à l’université de Sydney.
♣ ♣ ♣
Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, parmi eux, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité. Liesel Meminger y est parvenue. Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s’est arrêtée. Est – ce son destin d’orpheline dans l’Allemagne nazie qui lui a valu cet intérêt inhabituel ou bien sa force extraordinaire face aux événements ? A moins que ce ne soit son secret… Celui qui l’a aidée à survivre. Celui qui a même inspiré à la Mort ce si joli surnom : la Voleuse de livres…
Publié initialement en langue anglaise en 2005, La Voleuse de livres a connu un regain d’intérêt ces derniers temps grâce à l’annonce de la sortie de son adaptation au cinéma, sortie prévue en France le 5 février 2014 (autant dire que je suis pile dans les temps !). Je pense n’avoir eu que des échos très positifs sur ce titre. L’unanimité étant tout de même rare, j’étais curieuse de me faire mon propre avis sur la question. L’émotion semblait être telle pour certains lecteurs que je m’attendais à me prendre une claque, j’espérais le coup de cœur, je souhaitais trouver là un livre qui me marquerait à vie… en fait non.
Je le concède bien volontiers, La Voleuse de livres est un très beau livre, bien écrit et bien construit, mais la claque émotionnelle attendue n’a pas pointé le bout de son nez. J’ai certes été légèrement émue par le destin des personnages, mais la disparition de certains d’entre eux étant annoncée très tôt, leur perte n’a été ni violente ni même surprenante. Je suis une sans cœur, c’est vrai, vous pouvez me huer.
L’originalité de cette histoire réside, à mon avis, dans le choix de la narration. En effet, le personnage qui nous conte ici l’histoire n’est autre que la Mort, en personne. Extérieure au destin des personnages qu’elle n’a que peut côtoyer de loin, la Mort nous offre le quotidien d’une petite fille – Liesel – entre 1939 et 1943. Vous allez me dire, si elle était extérieure à tout ça, comment peut-elle donner autant de détails ? On l’apprend rapidement, la « Faucheuse » a récupéré un petit livre appartenant à Liesel. La fillette y a couché les épisodes du quotidien que l’on découvre à notre tour grâce à la narratrice intermédiaire. Compliqué à expliquer mais pas du tout difficile à appréhender, ne vous inquiétez pas.
Tout ça pour dire que la Mort a une perception un peu particulière du monde des vivants (elle attache beaucoup d’importance aux couleurs) et surtout que le lecteur découvre l’histoire de Liesel et de ses proches grâce à un point de vue externe qui ne l’empêche pas du tout de s’attacher aux héros et de se sentir proche d’eux. Les différents tableaux du quotidien s’enchaînent et je comprends maintenant que la réalisation d’une adaptation au cinéma était une évidence. Le texte est construit et conté pour être mis en images.
C’est donc l’histoire de la petite Liesel qui, « adoptée » par un couple de la petite ville de Molching après le voyage en train pendant lequel elle aura perdu son petit frère, se familiarise avec sa nouvelle vie, sa nouvelle famille et son nouveau quotidien. Mais Liesel n’est pas une petite fille ordinaire, Liesel est une voleuse… de livres. Le premier ouvrage n’est autre qu’un Guide du fossoyeur récupéré dans la neige lors de l’enterrement de son petit frère. S’en suit la volonté d’accroître la collection, dès que possible mais toujours respectueusement (si l’on peut dire).
L’univers de Liesel se compose de Rosa et Hans – ses parents nourriciers -, de Rudy – son meilleur ami -, de Max – un boxeur juif accueilli dans le plus grand secret dans le sous-sol de la famille pendant de longs mois ! – et des mots. Parce que la petite fille, pour se protéger des cauchemars qui la réveillent chaque nuit, apprend à lire auprès de son nouveau Papa. Lire devient pour elle un refuge et c’est grâce aux mots que son ami Max réussira à sortir du désespoir. J’aime assez ce message et j’ai beaucoup apprécié certains passages plus symboliques, tel que le moment où, cherchant du papier, Max – le jeune juif caché au sous-sol – déchire chaque page du Mein Kampf, repeint chacune d’elles avec de la peinture blanche pour ensuite y réécrire sa propre histoire.
Markus Zusak nous offre un quotidien parfois amusant, souvent terrifiant, toujours tendre et émouvant. Il ne tombe pas dans le larmoyant – ce que j’ai grandement apprécié – mais fait juste passer ce qu’il faut d’émotions.
Le lecteur s’attache beaucoup à Liesel, à son Papa, sa Maman, Rudy, Max… et même aux voisins pas franchement sympathiques. Il faut dire qu’on est plongé dans leur quotidien pendant près de 560 pages qui correspondent à près de quatre années de narration, difficile donc d’être complètement détaché et de ne pas s’émouvoir de leurs aventures. Malgré tout, et c’est ce qui m’a un peu déçue, je n’ai pas été particulièrement émue par la disparition subite de nombre d’entre eux, dans les dernières pages. Peut-être parce que la Mort nous prévient en amont et parce que tout se déroule et se termine subitement, en deux ou trois pages. Je m’attendais à la mort de certains des héros, je n’ai donc pas subi de choc violent et pour ceux pour lesquels la perte a été une « surprise », on passe tellement vite à autre chose que je n’ai pas eu le temps de vraiment m’émouvoir. Un peu comme dans la deuxième partie du septième Harry Potter, lorsqu’on voit les corps d’un certain couple dans le grand Hall… c’est soudain, la caméra s’attarde sur la scène une seconde et hop, l’histoire continue. J’ai eu exactement ce sentiment en tournant les dernières pages de La Voleuse de livres.
Cependant, je comprends l’effet recherché. L’auteur installe une véritable relation entre le lecteur et ses personnages, il la développe et la détaille pendant plus de 500 pages et paf, il brise tout en un instant. Parce que les bombes ne mettent pas des heures à tomber, parce que la mort c’est quelque chose de soudain et qui arrive sans prévenir. Je comprends ce choix narratif et je ne doute pas de sa pertinence. Je suis simplement déçue de ne pas avoir réagi à la hauteur de l’intensité de la scène. Il faut du temps pour que l’information grimpe jusqu’à mon cerveau et mes glandes lacrymales… quand ça aurait pu arriver, j’avais déjà tourné la toute dernière page. Dommage !
En tant que française, à l’école, j’ai été assez conditionnée – comme beaucoup j’imagine – par les cours d’histoire/géographie. Dans mon imaginaire d’enfants, les allemands étaient tous méchants et ont tous participé au génocide. Alors que, pendant la Seconde Guerre Mondiale, beaucoup d’allemands étaient pauvres, vivaient dans un dénuement extrême et plusieurs d’entre eux s’opposaient plus ou moins franchement aux idées nazies (allant même jusqu’à cacher des juifs dans leur sous-sol). Je pense que c’est une perception de l’Histoire qui manque à beaucoup et qui devrait être offerte aux plus jeunes beaucoup plus souvent. Merci donc à Markus Zusak de remettre les choses à leur place et de proposer cette histoire aux jeunes lecteurs (ce roman est, il me semble, plutôt destiné aux adolescents).
Je le disais plus haut, je suis persuadée que ce roman est idéal pour une adaptation cinématographique. Dans sa construction et dans son visuel, il y a beaucoup de potentiel. Et si le réalisateur choisit les bons angles, la bonne bande originale et le bon timing, nul doute qu’avec ce support de nombreuses larmes vont couler !
J »aurai tellement aimé lire le livre avant qu’il sorte… mais malheureusement je ne lisais pas encore beaucoup à l’époque et je ne l’ai après que quelques semaines plus tard, tant pis ! En tout cas le film est vraiment touchant, empli d’une certaine légèreté, il se laisse regarder tout en faisant couler quelques larmes.
Ping : [Bilan] Juin 2015 | Bazar de la Littérature
Ping : [Bilan] Mai 2015 | Bazar de la Littérature
Ping : [Bilan] Avril 2015 | Bazar de la Littérature
Ping : [Bilan] Mars 2015 | Bazar de la Littérature
Ping : [Bilan] Février 2015 | Bazar de la Littérature
Ping : [Bilan] Janvier 2015 | Bazar de la Littérature
Ping : [Bilan] Décembre 2014 | Bazar de la Littérature
Ping : [Bilan] Novembre 2014 | Bazar de la Littérature
Ping : [Bilan] Octobre 2014 | Bazar de la Littérature
Ping : [Bilan] Septembre 2014 | Bazar de la Littérature
Ping : Bilan (Août 2014) | Bazar de la Littérature
Ping : Bilan (Juillet 2014) | Bazar de la Littérature
Ping : Bilan (Juin 2014) | Bazar de la Littérature
Ping : Bilan (Mai 2014) | Bazar de la Littérature
Ping : Premières publications | Bazar de la Littérature
Ping : Titres (L – Z) | Bazar de la Littérature
Ping : Auteurs (M – Z) | Bazar de la Littérature
bonsoir,
Je sors du cinema ou des amis m’ont emmené voir le film…
J’ai beaucoup aimé…
Pour différentes raisons:
D’abord pour nous prouver que le peuple allemand a souffert de ses fascistes ,que,le peuple allemand si il se doutait ,ne pensait pas avoir a subir ce qu’il a subit …
Qu’il ,pour certains,ne manquait pas d’humanité ..
Et que que l’horreur d’une guerre est présente partout..
Moi,qui suis avant tout un lecteur ,je vais acheter le livre ,pour pouvoir m’imprégner des mots!!
Mais,si le film est un calque du livre…J’avoue que je vais surement laisser quelques larmes…
Quel force a pu pousser certains hommes à faire toutes ces horreurs..
Sont ils humains…?
J’ai 54 ans ,et je souhaite une vie plus saine et plus exempte de tout ces mots à mes petits enfants…
Patrick
Ping : Mes Acquisitions 2014 – 5 (du 20/01 au 09/02/14) | Bazar de la Littérature
Merci pour cet article, j’avais vu l’affiche du film mais j’ignorais qu’il s’agissait à la base d’un roman, je vais peut-être le lire avant d’aller au cinéma.
Même si on connaît certains événements à l’avance, j’avais été très émue par ce livre très touchant. Un joli moment de lecture.
Je l’ai fini en début de semaine moi aussi et pour ma part, c’est plus qu’une claque, c’est tout simplement le plus beau livre que j’ai pu lire, celui qui m’a le plus touché. Par contre, plus que la disparition des personnages, c’est tout ce qui est autour qui m’a tant ému, et notamment tout ce doit vivre Liesel, Max et tous ces personnages qui sont si inspirés de vies réelles. Ce livre m’a brisé le coeur et m’a tellement charmé par la beauté de ses mots et de son histoire. Je suis tombée amoureuse, voilà, et j’en suis ressortie bien différente. C’est le livre qui marquera ma vie.
Il est dans ma PAL depuis des années mais c’est vrai que la bande annonce donne envie de s’y plonger ! Ton billet donne aussi envie 😉
Je en connaissais pas du tout. Je vais regarder cela de plus près. Merci pour cette découverte !
Tu n’es pas la première à avoir été « moyennement emballée » dans les avis que j’ai pu lire.
j’ai eu exactement le même ressenti que toi sur cette lecture car je m’attendais à autre chose avec tout ce que l’on m’avait dit sur ce roman. Je pense en revanche que le film doit être intéressant et j’espère avoir l’occasion de le voir bien que je me demande comment est amené le personnage de la Mort
Coucou 🙂 je découvre ce blog et j’adore déjà 🙂 superbe article sur ce livre ! je l’ai dans ma PAL, et je vais aller probablement aller voir l’adaptation cinématographique qui a l’air superbe ! je ne pense pas avoir le temps de lire le livre avant! dommage !
Ca fait un moment qu’il me tente bien, et comme je vois que le film doit sortir prochainement, il faudrait quand même que je m’y mette 🙂 !
La bande annonce promet! Et le casting est, je trouve bien adapté à l’image que j’avais des personnages (globalement hein, on rechigne pas trop) après avoir lu le livre. Personnellement j’ai refoulé mes larmes parce que j’étais dans le train mais j’ai moi, ça aurait coulé à flot…Donc je ne doute pas que le film aura ce pouvoir de décrocher des larmes chez les plus durs!Le pouvoir visuel comme tu le dis marche bien.