Erenn, Tome 1 : L’Eveil de Emily MUSSO

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Erenn, Tome 1 :

L’Eveil
de Emily MUSSO

Rebelle,
2012, p. 246

Première Publication : 2012

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Emily Musso se passionne pour l’écriture depuis l’adolescence. A quinze ans, elle remporte le premier prix dans la catégorie « Conte » lors d’un Concours Littéraire organisé par la ville d’Aix en Provence. En grandissant, elle s’invente un univers inspiré par des artistes torturés comme Maupassant, Baudelaire ou encore Wilde et se lance dans la composition de nouvelles fantastiques aux allures étranges et inquiétantes, rédigées en français et en anglais. Les histoires s’enchaînent en Ecosse et en Irlande, terres brumeuses et sauvages, chargées de mystères et de légendes, dont les paysages et la culture ont profondément marqué Emily.

Désenchantée et peu confiante en l’être humain, Charline se réfugie dans les livres et la musique. Échapper à une existence sans saveur, tel est le but à atteindre.
Quand elle rencontre Adrian, machiavélique, énigmatique et séduisant, c’est tout son univers qui bascule. Qui est-il ?
Osera-t-elle braver ses principes pour percer les mystères qui l’entourent ?
C’est en Irlande, qu’elle le rejoindra.
L’Île d’Émeraude, terre de légendes et de magie…

J’avais repéré Erenn dès sa sortie l’année dernière mais je ne me suis décidée à l’acheter qu’aux Imaginales, pensant y rencontrer alors son auteure, Emily Musso. Rendez-vous manqué cette fois-ci mais je me suis rattrapée il y a quelques semaines à peine, lors du Salon Fantasy en Beaujolais. C’est en discutant de longues minutes avec la jeune femme (elle aussi passionnée par l’Irlande) que je me suis souvenue qu’Erenn traînait dans ma PAL et ce sont bien ces sympathiques échanges qui m’ont donné envie de rattraper mon retard et d’ouvrir immédiatement le livre.
La rédaction de cette chronique s’avère difficile puisque je peine à mettre des mots sur mon ressenti, je peine à ordonner mes pensées. Il y a, à mon avis, de très bonnes choses dans ce premier tome mais également des maladresses et des choix qui m’ont paru moins pertinents. Je suis donc un peu mitigée sur cette lecture même si, dans l’ensemble, elle tend vers le positif.

emily mussoFinalement, ce qui m’a le plus chagrinée et ce qui semble déstabiliser le plus grand nombre de lecteurs, ce sont les héros, leur personnalité et leur façon d’agir. En effet, si on peut leur reconnaître une certaine complexité et donc une originalité teintée d’intérêt, on peut aussi, malheureusement, se perdre un peu et ne pas réussir à comprendre leurs agissements et émotions.
C’est notamment le cas pour Charline, notre héroïne, « légèrement » instable. Timide et assez renfermée sur elle-même au début de l’histoire, elle se révèle aventurière et très « culottée » après sa rencontre avec Adrian. Certaines blogueuses sont allées jusqu’au terme « harcèlement » et oui, effectivement, il y a un peu – beaucoup – de ça. Alors que le jeune homme est très clair sur ses intentions et son désintérêt total pour la jeune fille, celle-ci insiste très lourdement et lui court littéralement après. L’explication de « l’envoûtement » (c’est plus fort qu’elle) est certes plausible et explique bien des choses mais comme on ne peut pas en être sûr pendant notre lecture, on peut franchement s’agacer de ce comportement et finir par avoir pitié de Charline. On peut, en outre, trouver son évolution un peu trop facile. Notre héroïne, en arrivant en Irlande, est en effet en quête de son identité et veut trouver des réponses. Lorsque celles-ci arrivent, Charline ne doute pas un seul instant et prend tout ce qu’on lui dit pour argent comptant. On peut quotidiennement être immergé dans le « surnaturel » grâce aux livres et aux films et se plaire à croire que la « magie » est tout autour de nous… mais de là à accepter celle-ci dans la réalité, du premier coup, dès qu’on nous dit qu’elle existe et que telle créature peut nous contacter à tout moment… A la place de Charline, traumatisée par un événement passé et assez instable de nature, j’aurais plus cru à la théorie de la folie qu’à celle de la résurgence d’anciennes légendes irlandaises. C’est, il me semble, une prise de conscience un peu trop rapide et trop évidente. Malgré tout, Charline a un côté assez touchant et je sens qu’elle a du potentiel. Ce premier tome n’est qu’une mise en bouche, une façon de « l’éveiller » à son véritable monde et à sa véritable identité. Elle se cherche, maladroitement, mais j’ai bon espoir qu’elle se révèle et qu’elle devienne une héroïne forte et réfléchie, pas seulement une jeune femme qui ne réagit qu’en fonction de ses pulsions amoureuses.
Face à elle, le lecteur découvre Adrian, jeune irlandais mystérieux et surtout… dangereux. Je suis la première à râler lorsque je découvre les jeunes premiers trop fades et inintéressants qui se multiplient dans la littérature ces derniers temps. Je suis la première à réclamer un peu de complexité et un poil de rébellion. Mais pour le coup, je trouve qu’il y a un peu trop de zones d’ombre chez Adrian, ce qui m’a empêchée de m’attacher à lui et même d’avoir envie d’en savoir plus sur son compte. Pour le moment, je ne le vois que comme un sale type (et ça me fait mal de dire ça d’un irlandais ! Ahah !) à l’humeur trop changeante. Un héros qui ne m’attire pas du tout du tout !

L’intrigue principale, vous l’aurez sans doute compris, tourne autour de la quête d’identité de Charline et du lien étrange qui l’unit à Adrian. En Irlande, la jeune femme va mettre le doigt sur des secrets jusque là bien gardés et elle va s’attirer quelques ennuis. Emily Musso multiplie les mystères et les questions autour de ses deux héros et elle relie tout ça à d’anciennes légendes irlandaises.
L’idée est excellente – ce n’est pas moi qui dirai le contraire – mais elle se révèle un poil complexe et brouillonne. La mythologie irlandaise (ou celte de façon plus large) et ses dieux n’est pas très connue du grand public (en tout cas moins que la mythologie gréco-romaine), c’est donc un peu plus difficile, à mon sens, de s’imprégner et de retenir les bases. Pas facile de bien comprendre les conséquences d’une guerre entre les deux peuples « fondateurs », d’intégrer le rôle d’une banshee et de replacer Charline et Adrian au milieu de tout ça. Cela dit, si l’auteure avait simplifié le tout pour le rendre plus accessible, je pense que j’y aurais trouvé moins d’intérêt et je suis vraiment ravie de voir l’Irlande et ses légendes mises en avant dans la littérature imaginaire. Malgré tout, plus d’informations ou des informations offertes différemment aurait peut-être permis d’y voir un peu plus clair.

SONY DSCLa construction narrative, peut-être un peu maladroite, n’enlève pas les qualités plus formelles du texte. Je trouve que l’auteure nous fait assez bien voyager, notamment dans les rues de Dublin et j’ai eu vraiment beaucoup de plaisir à fouler à nouveau les trottoirs de la célèbre O’connell Street et du quartier festif qu’est Temple Bar. A noter par contre quelques petites erreurs environnementales, notamment le fait qu’en Irlande, le numéro des rues n’est pas distribué comme en France (chiffres pairs d’un côté, impairs de l’autre), Charline ne peut donc pas trouver le n°10 entre le 8 et le 12.
Je pense que les descriptions offertes par Emily Musso suffiront à raviver le souvenir et à combler les lecteurs qui connaissent la capitale ; ce qui est mon cas et je peux vous assurer que je n’ai maintenant qu’une envie : y retourner cet été ! En revanche, ceux qui s’imaginent une Irlande très verdoyante et sauvage, pourront être un peu déçus de ne pas retrouver plus d’images du genre dans ce premier tome (nos héros ne quittent que très peu Dublin) et finalement, les références à tels lieux et détails de la capitale ne leur parleront peut-être pas des masses.
Dans l’ensemble, la lecture est fluide, rythmée et assez visuelle. Encore une fois (c’est assez habituel avec mes dernières lectures), j’ai peiné à donner un visage aux personnages mais j’ai tout de même pu m’imaginer leurs interactions et les scènes dans lesquelles ils évoluaient. Tous les chapitres – je dirais même tous les paragraphes – n’ont pas la même qualité. Certaines phrases ultra-travaillées donnant un côté un peu « ampoulé » se trouvent près de propositions plus simples et actuelles voire « oralisantes », ce qui peut déstabiliser légèrement. Malgré tout, ce premier tome est de qualité et je suis sûre qu’Emily Musso aura encore gagné en maturité dans le deuxième opus.

Si j’ai parfois eu un peu de mal avec les deux héros, ce tome d’introduction met en place des bases intrigantes et revient sur d’anciennes légendes irlandaises assez passionnantes. Pour le moment, le mystère demeure, les choses semblent un peu complexes mais le potentiel est là, je pense qu’ Emily Musso nous réserve de belles choses et j’espère que l’évolution de Charline et Adrian saura me surprendre.

Images : Portrait d’Emily Musso et vue d’un côté d’O’connell Street.

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