Pride and Prejudice de Jane AUSTEN
Pride and Prejudice
de Jane AUSTEN
Penguin Popular Classics,
1994, p. 299
Première Publication : 1813
Pour l’acheter : Pride and Prejudice
Jane Austen, née le 16 décembre 1775 à Steventon, dans le Hampshire en Angleterre et morte le 18 juillet 1817 à Winchester, dans le même comté, est une femme de lettres anglaise. Son réalisme, sa critique sociale mordante et sa maîtrise du discours indirect libre, son humour décalé et son ironie ont fait d’elle l’un des écrivains anglais les plus largement lus et aimés.
♣ Emma ♣ Lady Susan ♣ Mansfield Park ♣ Northanger Abbey ♣ Persuasion ♣ Raison et sentiments ♣
♣ Adaptation (1995) ♣ Adaptation (2005) ♣
♣ Jane Austen is my wonderland ♣
(Le site pour tout savoir sur JA !)
♣ ♣ ♣
« It is a truth universally acknowledged, that a single man in possession of a good fortune, must be in want of a wife. »
The opening of Jane Austen’s ever-popular novel sets the tone of her sparkling comedy of manners and morals.
There are five daughters in the Bennet family and marriage is the only career open to them. There is naturally much excitement when two young men of good fortune move into the district. But before there can be a happy ending, the hero must conquer his overwhelming pride and Elizabeth, the spirited heroine, her prejudices against him. Only by taking the route to self-knowledge can they reach a mature understanding of each other and find lasting contentment.
Aujourd’hui est venue l’heure de vous parler d’un de mes livres préférés. Dur. Parce que si je ne fais pas une chronique intelligente pour parler de ce livre hautement intelligent, je vais m’en vouloir à vie. Parce que si après lecture de cette chronique vous n’avez pas envie de vous jeter sur le livre, c’est que j’aurai mal fait mon job, donc je m’en voudrai à vie. Parce que si après lecture de ce blabla vous êtes convaincus, allez acheter le livre mais n’aimez finalement pas Jane Austen, je vais VOUS en vouloir à vie. Et parce que pire encore, si vous lisez ces paragraphes interminables, si vous tentez l’aventure et si vous aimez les mots délicieux de cette chère Jane, vous allez tomber dans la spirale austenienne, vous allez finir obsédée par Fitzwilliam Darcy, Frederick Wentworth ou Knightley (c’est quoi son prénom d’ailleurs ? George ? Mouais… mieux vaut l’oublier…) et que c’est mauvais pour la santé (non non, vous ne trouverez jamais Darcy par hasard dans un bal – pas plus que Bingley d’ailleurs -… ça existe toujours les bals ?) et vous allez finir par m’en vouloir à vie. Tout sera différent après la lecture de cette chronique. Vous êtes prévenus.
Alors, Pride and Prejudice (Orgueil et préjugés selon la traduction française), ça parle de cinq sœurs et de leur mère névrosée qui cherche à tout prix à les marier à de bons partis, dans l’Angleterre de la fin du XVIIIe siècle. Non non ! Ne fuyez pas ! Je vous promets que c’est pa-ssio-nnant !
Parce que sous des airs de romance fleur bleue pour jeune fille en fleur sans neurone (les filles en fleur ce n’est pas hautement intelligent, c’est bien connu !), Jane Austen nous offre une peinture de la société. De sa société, pour être précise. L’anglaise nous parle de ce qu’elle connaît et elle le fait bien. Pourquoi ? Parce que malgré les carcans de son époque, Mademoiselle Austen sait prendre du recul et possède un regard très critique sur cette société qui gravite autour d’elle. Jane Austen était résolument moderne et si elle trouve aujourd’hui un renouveau dans le cœur des lectrices c’est parce qu’il me semble que, plus de 200 ans plus tard, toutes femmes modernes que nous soyons dans ce XXIe siècle déprimant, les histoires de jeunes filles qui cherchent à se soustraire à l’autorité d’un père/d’un frère et à un destin non choisi, nous parlent plus que jamais.
Olala, le quotidien de petites anglaises de la fin du XVIIIe siècle… ça doit être d’un ennui… mais que nenni ! Et c’est là tout le talent de la romancière ! Certes elle revient sur des sujets qui peuvent paraître assommant, certes elle s’attache à un certain réalisme… oui, mais elle le fait avec humour. Oui, oui, vous avez bien lu ! L’humour peut être présent dans un classique du XVIIIe/XIXe siècle et c’est ce qui fait le charme de cette plume et la rend si agréable à parcourir en 2013. Il y a de l’ironie chez Jane Austen (beaucoup même !), des scènes cocasses, des quiproquos… mais tout ça ne serait pas possible sans les personnages !
Nombreux, c’est un fait. Certaines figures sont mises en avant, d’autres moins mais ne vous attendez pas à suivre seulement deux héros et une seule histoire bien linéaire. Non, l’anglaise, un peu comme la brillante Agatha Christie quelques décennies plus tard, propose toute une palette de personnages extrêmement bien pensés et dépeints, tous intimement liés par des liens plus ou moins forts et avouables. Et comme pour l’auteure de polars tant aimée, Jane Austen, malgré le nombre, ne nous perd pas et parvient à différencier toutes ses figures. On les aime, on les déteste, on rit d’elles ou on pleure à leurs côtés… certes on peut lui reprocher des personnalités un peu exagérées et caricaturales mais vraiment, qui se plaint des nerfs de Mrs Bennet, de la frivolité de Lydia, du côté Bisounours de Jane ou de la haute estime que Lady Catherine de Bourgh a pour elle-même ? Oui, on peut trouver à redire de ces caractéristiques peut-être un peu trop flagrantes pour chacun mais c’est aussi ce qui rend ces personnages aussi marquants, aussi forts !
Je pourrais vous parler des heures de chacun des personnages secondaires, je pourrais vous dire à quel point j’aimerais remettre les sœurs Bingley à leur place (mais Elizabeth le fait déjà si bien…), à quel point je voudrais dire à Mr Collins qu’il est répugnant et bête comme ses pieds… mais je ne le ferai pas, parce que 1) ça prendrait des heures justement (et je suis déjà bien assez bavarde), 2) vous pouvez trouver plein de supers articles intéressants sur Wikipédia et autres sites internet et surtout 3) vous allez vous jeter sur le livre donc allez le découvrir par vous-même !
Ici comme dans les autres romans de Jane Austen, on retrouve le beau jeune homme coureur de dots, le personnage ridicule en tout point, la famille qui n’est pas toujours d’une grande aide… ce qui fait la différence entre Orgueil et préjugés et les autres romans de Jane Austen ne tient pas dans les personnages secondaires, ni même dans la plume de l’auteure (toujours aussi délicieuse), non, ce que j’aime dans ce roman (sans doute le plus célèbre), c’est l’histoire « principale » et les deux héros qui la construisent.
Elizabeth Bennet et Fitzwilliam Darcy, un couple peut-être moins célèbre que Roméo et Juliette mais bien plus intense à mon goût. Là où Shakespeare base son histoire sur un coup de foudre improbable entre deux jeunes gens, Austen prend son temps et s’amuse, au contraire, à faire se détester les deux héros dès le premier regard. Ainsi, pendant plusieurs centaines de pages, elle n’aura de cesse de faire évoluer les personnalités orgueilleuses et pleines de préjugés d’Elizabeth et Darcy, les mettant face à leurs faiblesses et leurs sentiments. Le coup de foudre, je n’y crois pas. J’aime les relations qui se tissent et évoluent. J’aime que les masques tombent, que les révélations se fassent petit à petit et je suis persuadée que de ce long chemin parcouru, sortent des relations fortes et durables.
Elizabeth est une héroïne parfaite. Jolie (mais moins que sa sœur aînée), brillante, avec une répartie qui frise parfois l’insolence (mais qui frise seulement, c’est la fille d’un gentleman, elle est bien élevée !), légèrement rebelle ou au moins légèrement en désaccord avec ce qu’on peut attendre d’elle (se marier pour assurer sa sécurité et celle du reste de sa famille, au passage) tout en restant très lucide sur son quotidien. Je l’admire. Ses joutes verbales avec les personnages qu’elle côtoie sont à chaque fois un immense plaisir ! Elle balance constamment, mais toujours avec élégance. J’adore !
Et avec qui pourrait-elle mieux s’entrainer aux joutes qu’avec le hautain et inaccessible Mr Darcy ? Découvrir ce qui se cache derrière ce masque de froideur est ce qui fait le plus grand charme de cette lecture, son évolution et sa transformation sont sans doute les plus belles qu’il m’ait été données de suivre dans ma vie de lectrice. Darcy est passionné, passionnant et continue à passionner les foules, des siècles plus tard ! Un héros austenien charismatique, fort, inoubliable…
Vous le savez peut-être si vous avez l’habitude de me lire, mais les personnages, c’est sans doute ce que je préfère dans mes lectures. J’aime m’attacher à eux, parfois me reconnaître en eux, j’aime même les détester… bref, j’aime apprendre à les connaître au fil des pages. Mes plus belles lectures se sont toujours faites grâce à des auteurs qui donnent de la profondeur aux figures qu’elles créent. Pour moi, Jane Austen est une des plus douées dans cet exercice. Car même si elle ne nous révèle pas tout, elle donne assez d’éléments pour qu’on imagine et ait l’impression de connaître ses héros comme s’ils étaient réels. La preuve avec tous ces journaux et autres titres para-austeniens qui réécrivent les romans de l’auteur du point de vue d’un autre personnage, offrent des préquelles ou des suites à ceux-ci… Jane Austen a laissé tant d’indices, tant de choses dans ces pages, que tout semble palpable.
Et à ceux qui osent affirmer qu’ils ne se passent rien dans Orgueil et préjugés… mais avez-vous lu le même livre que moi ? Certes, aucun dragon n’apparaît pour mettre le feu à la salle de bal, aucun vampire ne débarque pour mordre l’héroïne… mais il se passe des choses ! Il y a des rencontres, des bals, des rhumes de cerveau qui inquiètent, des demandes en mariage (et même des refus !), un kidnapping, des voyages, des visites… arrêtez de dire que c’est lent et ennuyeux, zut !
Après relecture, je me rends compte qu’il y a certes quelques passages descriptifs ou d’introspection, mais ils se comptent sur le doigt d’une main ! J’ai l’impression que chaque page offre une révélation, une avancée dans l’intrigue… je ne vois d’ailleurs pas ce que l’on peut couper dans un texte comme Orgueil et préjugés, tout est important, tout a sa place, rien ne dépasse et rien n’est là par hasard (l’abrégé est une infamie !) ! Quelques pages sont certes entièrement remplies de paragraphes de récit, mais les dialogues (savoureux) ne manquent pas ! C’est rythmé tout en offrant assez de descriptions pour que le tout soit visuel et vivant.
Quant à ceux qui ont peur du gros mot « classique », je trouve sincèrement que pour se lancer dans le genre, Jane Austen est un des meilleurs moyens. Les tournures sont travaillées tout en restant extrêmement fluides et simples. Simple mais beau. On pourrait se demander comment l’anglaise a réussi à lier les deux… c’est là son secret ! Et pour ceux qui doutent encore, demandez à Cali qui, réfractaire aux classiques depuis des années, s’est laissée emporter avec plaisir… et à adorer !
Quant à la version anglaise du texte, que je découvrais pour la première fois (d’ailleurs c’est la première fois que je lis un livre de cette trempe en vo !), je ne la mettrai pas entre toutes les mains. Si je n’ai pas eu beaucoup de difficultés à venir à bout du texte c’est parce que je le connais et parce que j’ai l’habitude de regarder l’adaptation de la BBC en vo (qui reprend les dialogues presque pour mot pour mot), je ne suis pas sûre qu’avec mon niveau moyen, j’aurais apprécié ma lecture vo si ça avait été une vraie découverte. Pour résumer : ceux qui veulent découvrir Orgueil et préjugés pour la première fois et ont un niveau d’anglais moyen comme moi, lancez-vous dans la traduction française ; je ne conseillerais cette vo qu’aux très bons lecteurs en anglais ou aux fans connaissant déjà tous les détails (ou presque) de l’histoire !
A lire et à relire ! En français, en anglais…
Les avis enthousiastes de Cali et de Miss Elody !
Images : Elizabeth et Darcy au fil des adaptations. 1940, 1980, 1995, 2005 mais également dans la version Bollywood et dans Lost in Austen où, une jeune femme lambda (pour ne pas dire carrément médiocre) débarque dans l’oeuvre et découvre le héros.
Je l’ai lu en français, c’est sympa
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Tu as le droit de m’en vouloir à vie. C’est grâce à toi (parmi d’autres mais tu es celle que j’ai retenu), que j’ai eu envie de lire Jane Austen (donc tu fais ton boulot !)… mais ce fût un échec cuisant. J’ai abandonné « Orgueil et Préjugés » ET « Raison et Sentiments »… J’ai trouvé les romans longuets et ennuyeux.
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J’ai enfin lu ton article! Je suis TOTALEMENT d’accord avec toi! Le plus beau livre pour moi! Quelle serait triste la vie sans Jane Austen… et sans Darcy of course!
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Pour l’avoir lu en VO, en effet, c’est assez difficile. Jolie chronique, on ressent bien la passion que tu portes aux persos ! C’est l’un de mes préférés de Jane Austen (mais je n’ai pas encore tout lu)
Très belle chronique ! J’ai découvert Orgueil et Préjugés par le film avec Keira Knightley et je me suis précipitée sur le livre de Jane Austen que j’ai dévoré. J’ai Emma, Lady Susan, Northanger Abbey, Persuasion et Raison et sentiments dans ma PàL ! J’aime beaucoup l’univers de Jane Austen et le Coupe Lizzie – Darcy. Leur histoire me fait frissonner, me fout des papillons dans le ventre, bref, me fait rêver !
J’ai reçu Emma (avec K. Beckinsale) en DVD en cadeau, et je dois avouer que j’ai beaucoup aimé ce que j’ai vu <3
Pride and Prejudice est dans mon Kindle <3
Certainement le prochain livre que je lis en VO !
Très bonne chronique ! J’ai découvert Austen par ce livre cette année, justement après avoir lu tes chroniques et pages sur la dame (entre autres). Je ne suis pas une fan de romance d’habitude, mais là, comme tu le dis si bien, c’est pas « neuneu », ça ne coule pas de source, c’est réaliste – oh et puis je dois aussi dire que j’ai un penchant pour les livres un peu plus anciens, que je trouve souvent mieux écrits peu importe le thème ! Cependant j’ajouterais un détail, concernant la VO. D’accord, certains mots et formes grammaticales sont anciens ; toutefois elle n’écrit pas de manière super alambiquée – en tous cas de mon expérience, moi qui lis assez régulièrement du Tolkien, du Christie, du Lewis, et d’autres auteurs pas toujours contemporains, j’ai beaucoup de vocabulaire ancien/vieillot littéraire et l’habitude de rencontrer certaines tournures de phrase, et je ne me suis pas du tout cassé le nez sur Austen alors que j’ai beaucoup plus de mal sur des auteurs modernes ! Donc oui, c’est sûr, un débutant en lecture VO va probablement trouver ça difficile ; mais après je pense que ça dépend aussi de ce qu’on a l’habitude de lire en anglais.
une lecture qu’on m’a prêtée car il faut absolument que je le lise, d’après cette personne.
Donc dans ma PAL de Janvier 2014. Motivée, même si je suis vraiment pas une fan de romance.
Je suis contente de lire plusieurs avis positifs sur ce roman, notamment le tiens. Merci beaucoup, ça m’encourage.
Mais on verra 😉
magnifique chronique! je ne suis pas une grande fan de classique mais je l’avais dévoré celui-là. Certaines scènes sont un peu plus lentes mais bon, nous sommes dans un classique et non pas dans un livre « YA » ou de bit-lit alors forcément, il y a mois d’action. En plus, au final, on se rend compte que tout a de l’importance comme tu le dis si bien 🙂
Avec Cali vous m’avez donné envie de lire toutes les œuvres principales de Jane Austen et je vais m’y atteler très bientôt!
Si je n’étais pas déjà amoureuse de ce livre, tu m’aurais donné envie de le lire et en ce sens, tu as rempli ton but ! Ta chronique reflète très bien mon ressenti, bravo ! 🙂
Je ne sais pas si tu avais reçu mon MP sur Livraddict ou mon mail ; je voulais juste prendre quelques nouvelles. J’ai cru comprendre que tu avais trouvé un boulot dans le monde du livre, alors toutes mes félicitations !
Très belle chronique !! Je connais déjà le livre, mais tu me donnes envie de le relire 😉