Germ~iN~es[SENS]ce de Mathieu GUIBE

mathieuguibegerminessensce
Germ~iN~es[SENS]ce

de Mathieu GUIBE
Editions Fan2fantasy,
2011, p. 143

Première Publication : 2011

Pour l’acheter : EPUISE ! Mais vous pouvez trouver l’ensemble de ces nouvelles (retouchées) + des inédites, dans A un sanglot de moi, tu reposes

 

Mathieu Guibé, né à Poissy (78), est un jeune docteur en éthologie. Enfant nourri aux contes de fées, il s’évade du monde rigoureux des blouses blanches pour proposer des escapades dans des univers issus de son imagination. Dans son premier roman, un récit sombre et intense intitulé Atalan, chroniques d’un ange déchu (2008), il réinvente la guerre séculaire entre anges et démons. Il s’est depuis essayé à la scénarisation de manga, notamment pour Pity, conte moderne parlant d’un adolescent qui peut prédire les tragédies à venir mais dont la faculté devient bientôt malédiction lorsque ses proches le rejettent.

Quintessence hiémale
Even dead things feel your love

♣ ♣ ♣

Des cerveaux programmés comme des ordinateurs…
L’autodestruction d’un dieu du rock…
Un vampire en crise d’identité…
Une amitié haute en couleur…
Un amour au-delà des sens…
Un vengeur masqué raté…
J’aime à dire que la germinescence est à l’imagination, ce que la germination est à la graine. L’éclosion et la croissance d’une plante qui se ramifie pour s’épanouir. Voici six histoires courtes pour nourrir votre imagination, pour planter le germe qui ne demande qu’à fleurir dans l’essence et les sens de votre esprit.

 

Pourquoi ce recueil ? Parce que cette année, j’ai décidé de faire un peu plus de place aux nouveaux auteurs sur mon blog. Mais pourquoi ce recueil-là, en particulier ? Je ne le connaissais absolument pas avant de le voir chez Accrocdeslivres et Tsuki… parce que le titre m’a intriguée, parce que la couverture m’a plu, parce que l’auteur m’a semblé sympathique et parce qu’il coûte seulement 5€ (oui, vu mes dernières dépenses et celles prévues dans quelques semaines aux Imaginales, ça compte !).
Finalement, si toutes les nouvelles ne m’ont pas accrochée avec la même force, je leur reconnais bien volontiers une belle originalité et la plupart du temps, une fenêtre ouverte sur de belles émotions !

Petit tour d’horizon des six nouvelles, plus ou moins longues (de 15 à 35 pages environ).

Le Bug humain. Voilà un petit texte qu’on peut rapproche de la SF (et qui m’a rappelé quelques nouvelles du recueil Axiomatique de Greg Egan). Le cerveau humain est ici contrôlé et programmé comme un ordinateur, chaque être humain est dirigé de l’intérieur, plus de libre-arbitre. L’idée de base est très sympa et il y aurait peut-être matière à développer (je pense aux morceaux du journal du scientifique qui est une bonne idée mais qui implique quelque chose de plus « grand »). Pour autant, je n’ai pas été frustrée par le format nouvelle que j’ai trouvé bien géré.
V. M. Location. Un homme « gagne » sa vie en jouant les super-héros (il est « payé » par les particuliers pour redresser les torts)… mais en fait, on se rend compte que ce héros est loin d’en être un et relève plutôt du super-zéro… L’intrigue est originale et la construction est une nouvelle fois très bien maîtrisée. En effet, les pièces du puzzle se mettent en place au fil des pages… La nouvelle s’ouvre sur la « scène de fin » et on remonte la trame à l’envers… ou presque ! Même si le concept a déjà été utilisé plus d’une fois, Mathieu Guibé le maîtrise d’un bout à l’autre.
L’Ennemi dans la glace. Voilà une toute petite histoire qui met en scène une des grandes figures du moment, le vampire. L’auteur met ici en avant un court instant, un court moment volé de la « vie » du vampire. Je n’étais pas particulièrement convaincue… jusqu’au dénouement, qui m’a beaucoup plu.
Dans l’ombre d’un géant. Voilà une nouvelle qui laisse le « surnaturel » pour se diriger du côté de la musique. Il s’agit d’une histoire d’amitié et de maladie. J’ai bien aimé l’atmosphère très particulière propre au monde de la musique lié à celui des médias, atmosphère rendue en peu de pages. L’intrigue est touchante mais je suis quand même restée étrangère, en dehors et ne sais pas trop pourquoi ; dommage.
Lis-moi. Voilà la nouvelle la plus longue et donc la plus développée de ce recueil. Grâce à ces nombreuses pages (plus que pour les autres histoires), j’ai développé une vraie empathie avec les personnages et suivre leur devenir a été très fort en émotions. Je pense qu’on peut ici parler d’histoire d’amour « gothique » dans laquelle amour, souffrance, handicap et folie se côtoient. Christian est muet, Evangeline elle, est aveugle… comment parvenir à communiquer dans ce cas-là ? Mathieu Guibé lie le beau et l’horrible dans cette histoire d’amour tragique digne successeur du Roméo et Juliette de Shakespeare. Sans doute ma nouvelle préférée.
Arc-en-ciel en braille (Nouvelle lauréate du Prix Odette Massfelder 2008). Voilà une nouvelle qui m’a beaucoup émue et m’a presque fait venir les larmes aux yeux. Le narrateur est aveugle et pour la première fois, lorsqu’il va chercher son chien, il s’intéresse à la couleur des choses (celle de l’animal notamment). Arnaud, son meilleur ami, décide de lui apprendre les couleurs… mais comment ? « Le VERT. C’est l’odeur du gazon fraichement tondu. C’est une prairie dans laquelle tu t’allonges et tu te roules. » La situation peut paraître banale mais je trouve que Mathieu Guibé en extrait quelque chose de particulièrement poétique et fort.

mathieuguibeLe problème des nouvelles (enfin, pour moi), c’est la brièveté du format. Comment tout raconter en moins de 10 pages, comment rendre les personnages attachants en si peu de temps ?
Ce que j’ai apprécié dans ce recueil de Mathieu Guibé, c’est que, généralement, il ne cherche pas à raconter une vie dans son ensemble. Il choisit un instant -T de la vie de ses personnages et développe ce moment-là. Grâce à quelques détails savamment dispersés, on découvre des éléments du passé, de l’histoire des héros mais juste ce qu’il faut. On n’est pas frustré parce que ça va trop vite ou parce que ce n’est pas assez approfondi… non.
A part peut-être dans Dans l’ombre d’un géant qui passe, en très peu de pages, sur de nombreux évènements répartis sur plusieurs années. J’ai donc aimé l’intrigue de cette nouvelle, mais j’ai eu du mal à m’y projeter pleinement.

Voilà l’ordre de mes préférences : Lis-moi (pour l’association du beau et de l’horrible, de l’amour et de la souffrance), Arc-en-ciel en braille (court, mais très émouvant… la dernière page m’a achevée !), Le Bug humain (pour ce côté SF, réflexion sur le cerveau humain), et les trois autres : V. M. Location, L’Ennemi dans la glace et Dans l’ombre d’un géant que je n’arrive pas à départager. Les deux premières de ce trio m’ont plu pour leur construction ou leur dénouement, la dernière pour son intrigue ; mais il me manque à chaque fois un petit truc pour que je les adore.

Si trois nouvelles sur les six m’ont plu autant pour le fond que pour la forme et, si les trois autres ne m’ont pas séduite entièrement (mais beaucoup quand même !), je retiens surtout la diversité et l’originalité de chacune. Mathieu Guibé fait preuve, qui plus est, d’un certain talent pour la construction de ses histoires et a réussi à me faire apprécier un format qui, d’habitude, ne me convient/convainc pas.
Aux Imaginales, j’achèterai Quintessence hiémale, son nouveau recueil écrit en collaboration avec Cécile Guillot. Je vous en parle donc très bientôt !

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