La Chasse au Snark de Lewis CARROLL

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La Chasse au Snark
de Lewis CARROLL
Folio (Bilingue Illustré),
2010, p. 132

Première Publication : 1876

Pour l’acheter : La Chasse au Snark

Lewis Carroll (de son vrai nom Charles Lutwidge Dodgson) est un écrivain, photographe et mathématicien britannique né le 27 janvier 1832 et mort le 14 janvier 1898.

En 1876 paraît La Chasse au Snark qui est l’une des meilleures réussites en vers de Lewis Carroll et l’une de ses œuvres capitales. Lewis Carroll déclara l’avoir composé en commençant par le dernier vers qui lui vint à l’esprit lors d’une promenade et en remontant vers le début du poème qui se constitua pièce par pièce au cours des deux années suivantes.

♣ Alice au pays des merveilles 

♣ ♣ ♣

 

Un cireur de souliers, un fabricant de bonnets, un boulanger, un avocat et un castor, entre autres personnages, partent à la chasse d’un animal fantastique : le Snark. En espérant qu’il ne s’agira pas d’un boojum !
Moins connu qu’Alice au pays des merveilles mais aussi extravagant, La Chasse au Snark conserve toute sa puissance comique. En regard du texte anglais, accompagné des illustrations originales de Henry Holiday, la traduction de l’oulipien Jacques Roubaudrespecte l’oralité de ce long poème. Elle est suivie d’une analyse par le linguiste Bernard Cerquiglini.

 

Lewis Carroll, un grand nom de la littérature anglaise ; et pourtant, ce n’est que très récemment, avec son célèbre texte Alice au pays des merveilles, que j’ai découvert la plume et le style bien particuliers de cet auteur. Cette première expérience en compagnie de l’anglais fut concluante, alors, lorsque j’ai vu, il y a quelques semaines, que BOB proposait La Chasse au Snark, en partenariat avec Folio, je n’ai pas hésité longtemps devant le titre, qui m’était jusqu’alors inconnu. Un bon moyen d’assouvir ma curiosité.

chasseausnarkcarrollplancheCe petit livre est court (environ 130 pages) mais ne contient pas seulement La Chasse au Snark. Effectivement, la deuxième partie de l’ouvrage est consacrée à l’étude des onze mots-valises contenus dans la première strophe du poème Jabberwocky, petit poème que l’on peut lire dans le premier chapitre d’A travers le miroir. Ainsi, vous l’aurez compris, ce qui prime ici, c’est la forme et la langue à travers les créations poétiques de Lewis Carroll. Et pour mieux savourer le talent de l’écrivain anglais, Folio nous propose une édition bilingue particulièrement bien constituée. Pour La Chasse au Snark, la page de gauche est destinée au texte original, la page de droite abrite la traduction de Jacques Roubaud (professeur de mathématiques, membre de l’Oulipo). Sans avoir un anglais particulièrement bon, j’ai réussi à apprécier le texte de Lewis Carroll, après avoir lu une première fois la traduction (pour savoir de quoi retourne le texte) ; et je félicite le traducteur qui a su rendre un sens proche de celui d’origine, tout en conservant un rythme et une mélodie des rimes ; bravo ! Et tenez-vous bien, en plus d’une édition bilingue, Folio nous offre aussi une édition illustrée (nous sommes gâtés !). En effet, au centre de l’ouvrage, vous pourrez trouver quatre feuillets regroupant les illustrations originales de Henry Holiday (un artiste préraphaélite) ; je regrette un peu qu’elles soient toutes au même endroit et aurais préféré qu’elles suivent le texte car elles correspondant à des scènes clefs. Cependant, avoir des images (ou qu’elles soient) pour nous aider à entrer un peu plus dans le monde particulier de Lewis Carroll, est une très riche idée ! 
Quant à la deuxième partie – que j’ai particulièrement appréciée, voire adorée ! – elle décortique les onze mots-valises – un par un – du Jabberwocky, nous offrant à chaque fois les différentes traductions proposées au fil des années ainsi que des explications très intéressantes (les commentaires sont du linguiste français Bernard Cerquiglini, qui nous donne à chaque fois ses impressions sur telle ou telle traduction, n’hésitant pas à considérer que certaines sont très moyennes !) ! Je me suis beaucoup amusée à découvrir l’origine des traductions françaises suivantes « fluctueux », « allecandreuse », « bourniflaient », et j’en passe ! J’ai toujours aimé les jeux autour de la langue alors décortiquer ces mots-valises fut un plaisir ; j’aurais bien aimé que l’ensemble du poème soit étudié ainsi (seule la première strophe nous est offerte ici), mais onze, c’est déjà très bien…

Je vous détaille la forme du texte, mais j’en oublie de vous dire de quoi il retourne exactement ! Et bien, pour La Chasse au Snark, comme le titre l’indique, il s’agit du récit en vers, d’une chasse au Snark, par une bien étrange compagnie. En effet, l’équipage du bateau est constitué d’un cireur de souliers, d’un fabricant de bonnets, d’un avocat, d’un banquier, d’un boulanger (qui ne fait que les gâteaux de mariage), d’un boucher (qui ne tue que les castors) et évidemment, un castor apprivoisé par un homme à la cloche ! Et voilà tout ce beau monde partit sur les flots à la chasse d’une bête étrange, le Snark qui, parfois, peut malheureusement se révéler être un boojum ! Le génie de Lewis Carroll réside dans le fait qu’il nous offre un poème en huit « crises », qui se révèle être la chasse d’un monstre inconnu des lecteurs et qui n’est même pas décrit « physiquement ». On sait juste qu’il faut le chercher « avec des dés à coudre », « avec passion », « avec des fourchettes et de l’espoir », qu’il faut menacer sa vie « avec une action de chemin de fer » et qu’il faut le charmer « avec des sourires et du savon ». Tout est complètement absurde, sans le moindre sens mais le texte a une musicalité et un rythme très intéressants. Il faut lire à haute voix, presque en chantant ou tout du moins d’une façon « enjouée » à mon goût, et la magie opère ! C’est frais, c’est amusant et distrayant ; ne vous posez pas de question ! En ce qui concerne la première strophe du Jabberwocky, je vous mets une des traductions proposées (une des meilleures, apparemment), celle de Henri Parisot (il a fait une première traduction en 1946, qu’il a modifiée quelques années plus tard ; je vous donne la version avec modifications) : 

chasseausnarkcarrollplanche2« Il était grilheure ; les slictueux toves
Sur l’allouinde gyraient et vriblaient ;
Tout flivoreux vaguaient les borogoves
Les verchons fourgus bourniflaient. »

et la version offerte par Walt Disney, dans la bouche du chat de Cheshire : 

« Fleurpageons les rhododendrons
Gyrait et vomblait dans les vabes
On frimait vers les pétunias
Et les mumrates en grappes. »

Si vous voulez savoir ce que sont les « fluctueux » et les « verchons », je ne peux que vous conseiller la lecture de ce petit livre. Le tout se lit très vite, mais on peut passer des heures sur un mot, à réfléchir aux différents sens, aux nombreuses traductions et aux commentaires du linguiste. Vous l’aurez compris, cette deuxième partie a largement ma préférence, mais La Chasse au Snark – qui est tout de même le titre « phare » – reste très distrayant, amusant et peut faire réfléchir également, si vous prenez le temps de « bien » lire !

C’est donc un grand merci que je lance à BOB et à Folio qui m’ont permis de découvrir un texte que je ne soupçonnais même pas (honte à moi !) et, celui-ci m’encourage à lire rapidement A travers le miroir, pour découvrir la réaction de la petite Alice, face à ce poème – Jabberwocky – vraiment particulier !

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