L’Attrape-coeurs de J. D. SALINGER
L’Attrape-coeurs
de J. D. SALINGER
Editions Pocket,
2003, p. 253
Première Publication : 1951
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Jerome David Salinger est un écrivain américain, né le 1er Janvier 1919. Il commence à se faire connaître en 1948 avec des nouvelles parues dans le New Yorker, mais il est surtout célèbre pour son roman L’Attrape-coeurs (titre original : The Catcher in the Rye). Traitant de l’adolescence et du passage à l’âge adulte, ce roman, devenu un classique du genre, connaît une popularité importante depuis sa publication en 1951. L’un des thèmes majeurs de Salinger est l’étude des esprits agiles et puissants de jeunes hommes perturbés et du pouvoir rédempteur des enfants dans la vie de tels hommes. Salinger est également connu pour sa vie de reclus. Il n’a pas fait une seule apparition publique, donné une seule entrevue ou publié un seul écrit depuis quarante ans.
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Nous sommes en 1949 dans une pension de la côte est américaine. Holden Caufield pourrait être un adolescent américain tout ce qu’il y a de plus ordinaire : une famille qui lui tape sur le système, une scolarité chaotique… des problèmes d’adolescence ordinaires. Expulsé, Holden s’enfuit trois jours avant le début des vacances de Noël. Il prend le train pour New York et, ayant trop peur de la réaction de ses parents, s’installe dans un hôtel.
L’ Attrape-coeurs relate les trois jours durant lesquels ce jeune garçon est livré à lui-même. A chaque pas, à chaque rencontre, ne trouvant toujours pas les réponses à ses questions, ne comprenant pas le monde qui l’entoure, complètement paumé, il se rapproche un peu plus d’une crise qui nous guette finalement tous.
Il s’agit ici pour moi d’une relecture. Et je suis très heureuse de l’avoir faite. On n’a évidemment pas le même regard à seize ans (lors de ma première lecture), qu’à vingt-deux… Bref, la première fois que j’ai lu ce livre, j’étais très enthousiaste, pour la simple raison qu’il s’agit d’un des livres de chevet de Nicola Sirkis (le chanteur du groupe Indochine) et que j’étais archi-fan à l’époque (remarquez, je le suis toujours ^^) ; et comme j’avais seize ans, l’âge du héros, j’ai été emportée et je suis sortie de cette lecture complètement époustouflée. Aujourd’hui, avec mes six ans de plus (mon Dieu, mon Dieu…), j’ai pris un peu de recul sur ma vie d’adolescente et j’ai muri un peu (enfin je crois… ou plutôt, j’espère !), mais encore une fois, j’ai été particulièrement touchée par le témoignage d’Holden, si simple et sincère, qu’il touche et « prend aux tripes ».
On se demande ce que va bien pouvoir nous raconter ce gamin concernant ses trois jours de fugue sur un peu plus de 250 pages… On se dit qu’il ne va rien se passer de passionnant, que ça va être un peu lourd et ennuyeux. Mais, que nenni ! Les aventures d’Holden, bien qu’assez « banales » (même si personnellement, je n’ai jamais fugué et pris le train de nuit jusqu’à New York), se révèlent, grâce à la manière dont elles sont racontées, absolument passionnantes ! Et à la fin de cette lecture, on se surprend tous à se demander : « Mais où vont les canards en hiver, quand le lac est gelé ? » ^^ Il s’agit donc d’un roman d’apprentissage, sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte et surtout d’une quête d’identité : pourquoi on est ici ? pourquoi on doit aller au collège faire des études ? et pour quoi faire de notre vie après, de toute façon ?…
En ce qui concerne le style, car il faut absolument en parler, c’est une des caractéristiques de ce roman ; c’est quelque chose de très particulier et qui peut vraiment déstabiliser au premier abord. En effet, le texte est à la première personne du singulier et le narrateur emploie un vocabulaire et un registre très familier, très oralisant. Ne vous inquiétez donc pas de lire à toutes les pages des « La môme Phoebé, elle me tue » ou encore « C’est biotiful »… Au début, c’est assez gênant, car on n’est pas du tout habitués à ce genre de langage quand on lit un livre, mais au bout d’un certain temps, on s’y habitue et c’est ce qui nous permet d’entrer complètement dans la tête d’Holden et de suivre ses aventures avidement, comme si nous étions à sa place. Ce que j’apprécie aussi beaucoup dans cette sorte de « journal intime à la première personne », ce sont les nombreuses digressions opérées par le narrateur. Il part sur un sujet, et au bout de quelques phrases, cela lui rappelle un souvenir, et hop, il raconte ce souvenir comme si de rien était… et les pages défilent sans qu’on s’en rende compte.
L’histoire d’Holden Caufield est touchante, peut-être plus à seize ans qu’à un autre âge ; mais finalement, à n’importe quel moment de votre vie, un adolescent sommeille en vous, en quête de réponses… Où vont les canards en hiver, quand le lac est gelé ?
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